• Le Bistrot du Chateau à St Fargeau

     

     

    Le Bistrot du Château

     

    La place Alphonse Schmitt revit.

    Après la réhabilitation de l'ancien abattoir (Axa) et l'aménagement de places de parking, c'est maintenant le bâtiment voisin qui renaît sous le nom de "Bistrot du Château".
    Il nous est apparu intéressant d'essayer de retracer l'histoire de ce nouveau commerce.

     

    Le Bistrot du Chateau à St Fargeau

     

    Dos à l'actuelle mairie, en regardant vers le Sud-Ouest, on peut admirer un des plus anciens quartiers de St-Fargeau, sur la rive gauche du Ru de Bourdon qui coule à nos pieds.
    La rue du Petit Pont, à gauche, est une des plus belles de St-Fargeau avec, au fond,  une très vieille maison à pan de bois, peut-être du XIIIe siècle. Cette ruelle, qui longe les anciens fossés de la vieille ville (le Berle) depuis la Porte de l'Horloge et jusqu'au Petit Pont, s'est appelée "Rue des Fusiliers" au XVIIIe siècle, "Passage Vauvert" au début du XIXe. Sur la gauche, un bâtiment en longueur, perpendiculaire à la rue, couvert d'une toiture en zinc, paraît anachronique, mais il est témoin de l'architecture industrielle de son époque. Cette rue franchit le Ru de Bourdon par le Petit Pont ou Pont des Religieuses, élargi maintenant par la terrasse du Bistrot. En amont se trouvait un lavoir actuellement démoli.
    Plus à gauche, (en dehors de la photo), la Rue Jacques Cœur n'existe que depuis 1866.
    A droite, l'Avenue du Général Leclerc, ainsi que le pont par lequel elle franchit le Ru de Bourdon ne fut percée qu'en  1884, pour desservir la toute nouvelle gare.
    Et la vue sur les 2 bâtiments (actuels Axa et  Bistrot) n'a été dégagée qu'en 2014 par la démolition du mur et du portail de l'ancien abattoir, remplacés par les places de parking.
    Plus anciennement, la place n'était qu'une petite rue, la rue des Tanneries, reliant le Pont des Augustins (près du monument aux morts actuel) au Pont des Religieuses (sous nos yeux). Trois tanneries ont existé entre cette rue et le Ru. Deux d'entre elles alimentées par un bief dont on peu encore voir  une arcade en brique dans le flanc droit du Ru, juste en face du Bistrot.
    La tannerie Mauplot, juste devant le Bistrot du Château, a été achetée par la commune et détruite pour élargir la rue du Petit Pont en 1839. Cette opération devait donc partiellement dégager la vue vers l'ancien couvent des Bénédictines qui deviendra à la fin du XIXe siècle école de garçons et école professionnelle, après remodelage des façades en conformité avec les normes architecturales édictées pour la nouvelle Avenue de la Gare qui venait d'être créée. C'est la mairie actuelle, derrière nous.

     

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    Inutilisés depuis des années, ces bâtiments ont retrouvé une nouvelle fonction et des travaux de restauration importants ont été engagés.
    L'aspect extérieur a cependant été préservé, seules les portes ayant été remplacées, mais dans un style tout à fait compatible, pour répondre aux nécessités d'accueil du public.
    L’architecture du restaurant est tout à fait traditionnelle: Angles et soubassements en pierre de fer, murs en roche et silex, entourages de fenêtres en briques bicolores, toit d'ardoise à 4 pentes. Côté rue, la porte cochère est solidement encadrée de pierres de fer soutenant un linteau de bois de grande dimension découpé en arrondi. La façade Nord (sur le Bourdon) est moins typique et plutôt disparate: étage en pan de bois avec remplissage de briques comme c'est le cas au Sud pour la liaison avec la "maison Lédé" à l'arrière du Bistrot.
    Le Bâtiment occupé par le Bistrot du Château appartenait jusqu'en 2018 à M. Safdar Butt qui l'utilisait comme entrepôt depuis 2002. Il l'avait acheté aux parents Baudot qui le tenaient eux-mêmes de Roger Pautrat.
    On ne connaît pas parfaitement son histoire, mais, au début du XXe siècle, il appartient au ferblantier Gustave Dubois qui avait sa boutique 9 rue Max Pautrat, boutique qui se prolongeait par son atelier en longueur rue du Petit Pont. D'après l'entête de ses factures, ses activités étaient très diverses (bicyclettes, chauffage, mécanique...).

     

    Le Bistrot du Chateau à St Fargeau

     

    La carte postale postée en 1906 (photo ci-dessous)  montre qu'il était également charron-mécanicien. Il occupait l'atelier, équipé d'une forge, où est installé maintenant le Bistrot du Château.

     

    Le Bistrot du Chateau à St Fargeau

     

    Gustave Dubois avait acheté la serrurerie de la rue de l'Horloge en 1898 ainsi que l'atelier et la maison rue du Petit Pont. L'entreprise avait auparavant appartenu à Louis Luneau qui la tenait de son beau-père Bourgeois, ferblantier.

     

    Le Bistrot du Chateau à St Fargeau

     

    C'est ce serrurier Louis Luneau, prédécesseur de Dubois, qui avait acquis la parcelle H218 en 1862, pour y construire en 1864 la maison et l'atelier qui est maintenant le Bistrot du Château.
    Louis Luneau, fils de serrurier, fut un entrepreneur important de St-Fargeau. Il compléta son métier de base en fabriquant des machines agricoles et surtout c'est lui qui fit de St-Fargeau, la 5e ville française électrifiée en 1887. L'usine électrique avait été construite au Moulin du Paradis en 1881 pour alimenter, en 1884, le château de St-Fargeau. Mais dès 1882, Louis Luneau demande l'autorisation d'enterrer des câbles électriques pour alimenter, depuis son usine du Moulin du Paradis, ses boutiques de la rue de l'Horloge. On peut penser qu'il alimenta également son atelier rue du Petit Pont.

    En remontant encore dans le passé, le plan de Massingi (1708),  indique qu'on est dans le quartier des boucheries. Ce qui est confirmé par le plan-cadastre (~1760) : le boucher Pierre Lechien possède  la boucherie (actuellement Fleurs du Beffroi) et la maison en pan de bois à l'arrière de la librairie. Sa belle-mère, la Veuve Lédé, est propriétaire de la maison située à l'arrière du Bistrot. L'abattoir (actuel AXA) ne semble pas exister: Il a dû remplacer plus tard deux maisons (Sieurs Rameau et Boulanger) dont les contours ne correspondent pas. Le terrain où est le Bistrot n'est pas bâti, pas plus que  sur le cadastre Napoléonien 1935 ("jardin" avec un petit hangar). Il sert sans doute de pré d'attente pour les bestiaux.
    Il faudra attendre 1864 pour que Luneau  y construise son atelier.

     

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    Pratiquement figé pendant tout le XXe siècle, ce quartier ancien renait tout en conservant l'architecture d'autrefois. Les deux nouveaux commerces, s'ajoutant à la boulangerie et au restaurant du Transvaal, redonnent de l'animation. L'évolution devrait se poursuivre avec les aménagements qui devront accompagner l'installation de la Communauté de Communes dans les locaux de l'actuelle mairie.

    On peut parier que le Bistrot du Château, de concert avec les autres commerces, sera pour les futurs agents intercommunaux un lieu de convivialité incontournable. 

     

     

                                                                                         Claude Lesire

     

     

     


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