• Les lieux-dits

     

    Les lieux-dits de St Fargeau racontent la vie des gens d’ici et d’avant…

    au fil de leur publication, ils vous feront découvrir des lieux inattendus, disséminés dans la campagne où le modeste laboureur côtoie les grands seigneurs…vous traverserez des bois maléfiques hantés par les esprits malins…vous admirerez les fermes modèles du 19ème siècle, période qui a été choisie pour leur étude…vous ferez peut-être connaissance avec vos ancêtres…Vous apprécierez le carnet de travail du vétérinaire DONNARIEIX et son œuvre savante dans ce terroir au service des fermiers…vous décoderez le testament de l’évêque St Didier et celui de St Vigile du VIIème siècle…vous partagerez la fête au village à l’occasion des concours agricoles…vous forcerez le cerf lors d’une chasse royale dans les bois de Breuil Ambert…avec les opiniâtres fermiers de 1850, vous arracherez à cette terre ce qui l’empêche de produire : vous épierrerez, drainerez, labourerez profond avec des attelages de 12 bœufs et vous deviendrez la fierté de ce terroir…

    A chaque publication d’un lieu-dit, vous aurez des détails  sur les sources documentaires, sur la méthodologie de recherche afin que vous vous sentiez partie prenante de ce chantier commencé voici une année et toujours en cours.

    Ce travail conséquent assorti de quelques découvertes, et difficile en raison de la destruction de documents lors de la Révolution, n’a été possible que grâce au soutien permanent des membres de l’ASSOCIATION HISTOIRE ET PATRIMOINE.

    Qu’ils trouvent ici l’expression de ma gratitude.

    Michel DESCAMPS

                                                                 

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    - L’évolution de la propriété depuis le Moyen-Age

    Conférence de Monsieur Jean-Pierre Rocher, 19 novembre 2016, Saint-Fargeau

    - Transformation des fiefs de la Puisaye, du 16e au 18e siècle

    texte de André Bourgeois dans les années 60 

     

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    - les Phélisons

    - Bel Air

    - les Satillats

     - Le parc

    - Breuil Ambert

    - les Courreaux

    - les Dalibeaux

    - Malcouronne

    - Les Grilles

    - Les Berthes

    - Porchamp

    - Famille Malchien

     

     

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    Mercredi 25 aout 2021 une équipe d' Histoire et Patrimoine s'est rendue sur le site de fouilles archéologiques dans le bois de Bailly à St Fargeau .

    Françoise Lelard et Claude Lesire vous font part , chacun à sa façon ,  de cette visite :

      

     

    §  DES ARCHÉOLOGUES A LA RECHERCHE DES MÉTALLOS DES BOIS DE BAILLY

     

     Les randonneurs, les ramasseurs de champignons, les chasseurs qui arpentent les sous-bois dans notre forêt communale, savent-ils qu’ils cheminent sur d’innombrables  traces enfouies. Elles ont été laissées par des hommes qui, dès l’âge du fer ont mis en œuvre leurs forces physiques, leur intelligence, leurs savoir-faire et les ressources naturelles disponibles pour produire du fer. Ce sont les premiers métallurgistes ;

     En effet, les amas de scories provenant de la réduction du minerai de fer, bien connus sous le nom de « ferriers » sont présents, parfois à peine perceptibles, parfois amoncelés sur de larges étendues, en grand nombre et de manière concentrée en Puisaye. Ils ont fait l’objet d’observations partielles depuis le siècle dernier : inventaire et cartographie des sites, typologie des déchets, analyse des techniques sidérurgiques… On a ainsi pu évaluer à plusieurs centaines de milliers de tonnes la masse totale de ces déchets, dont une partie considérable représentée par le fameux ferrier de Tannerre résultant d’une activité sidérurgique intense à l’époque romaine.

     A l’échelle de la région, depuis le début des années 2010, un PCR (Projet Collectif de Recherche) rassemble un grand nombre de chercheurs (archéologues, ingénieurs, historiens, chimistes, topographes) autour de « la sidérurgie en Bourgogne-Franche-Comté avant le haut fourneau » ayant pour objectif «une caractérisation interdisciplinaire de l’organisation des activités sidérurgiques anciennes ».*

     En tant qu’ensemble majeur de sites de production, la Puisaye a été choisie afin de faire l’objet d’investigations plus poussées. Les premiers travaux  de prospection et de sondage réalisés sur plusieurs territoires de Puisaye ont permis d’identifier une activité sidérurgique continue entre l’âge de fer et l’époque carolingienne (entre le VIè siècle avt. J.C.et le Xè siècle de notre ère) avec une évolution des techniques de réduction du minerai. Ces prospections ont aussi permis de sélectionner des zones  de recherches afin d’y opérer des fouilles systématiques. Dans ce cadre, une zone de prospection, présentant de nombreux amas a été retenue dans nos Bois de Bailly.

     En 2017 et 2018, déjà, l’équipe d’archéométallurgistes dirigée par Marion Berranger* a investi notre forêt communale sur ces zones délimitées. Les nombreux amas de scories ont été prospectés de manière systématique avec un enregistrement topographique. Les datations radiocarbone ont permis de déterminer l’ancienneté  de l’exploitation sidérurgique, insoupçonnée auparavant. Celle-ci débuterait vers les VIè-Vè av.J.C.

     Parallèlement, les chercheurs ont commencé à approfondir l’étude d’un atelier de réduction. Un des amas protohistoriques situé dans le Bois de Bailly, facilement accessible, situé en bordure de chemin a été sélectionné pour une fouille en aire ouverte.

     Cette année, suite aux prospections géophysiques  effectuées en 2020 qui ont déterminé l’épaisseur de l’amas, le site a pu être décapé. C’est là que Marion Berranger et ses collaborateurs nous ont accueillis, par une belle matinée ensoleillée. Leur campagne de fouilles, après deux semaines de travail intense, touchait à sa fin. Nous avons découvert le chantier : trois aires de sondage décapées (sortes de tranchées), des buttes de terre végétale à réutiliser pour remblayer le site, et une multitude de caisses contenant les prélèvements échantillonnés destinés aux analyses de laboratoire. Le nettoyage et la fouille des structures mises au jour ont été effectués manuellement. En effet, la fouille doit combiner approche planimétrique et approche en coupe. L’examen de la coupe permet d’enregistrer les strates conservées et de réaliser des prélèvements de charbon et de scories sur ces différentes strates. En plan, les archéologues ont découvert les bases d’un four qui a été minutieusement dégagé, mesuré, photographié…

     Cette belle découverte constitue une réelle avancée dans les recherches sur cet atelier de production. Cependant, loin de combler l’attente des chercheurs, elle soulève une multitude de questions. Certaines trouveront leur réponse dans les résultats des analyses de laboratoire (analyse des charbons par un anthracologue, datations au Carbone 14). D’autres réponses seront à trouver encore dans de nouvelles fouilles sur l’atelier. S’agit-il d’un bas fourneau isolé, à usage unique ? ou, au contraire, est-il un élément parmi d’autres ? Se pose aussi la question de  l’implantation et de la nature des espaces habités, en relation avec  le site. Et puis quelles sont les modalités d’extraction et de circulation des matières premières (minerai, bois, argile, eau) ?....

     Nous n’en avons pas encore fini avec nos métallos des Bois de Bailly. Et c’est avec une curiosité enthousiaste que nous retrouverons, l’an prochain, cette équipe d’archéologues. Avec une grande bienveillance, ils ont su nous communiquer leurs connaissances très pointues et leur passion pour la recherche. Nous les remercions de tout cœur.

     

    *Les intervenants scientifiques sont : 

    - le Laboratoire de Métallurgies et Cultures de l’Université de Technologie de Belfort Montbéliard

    - le CNRS 

    - l’Institut de recherche sur les archéomatériaux 

    - l’INRAP

             Sous la direction de Marion Berranger.

     

                                                                                                         Françoise Lelard

     

     

     

    § Claude Lesire a sélectionné pour vous quelques pages du rapport triennal de Marion Berranger .

     

     

      ( Si vous souhaitez consulter ce rapport de 297 pages, n' hésitez pas à nous contacter )

     

     

     


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    Nous vous présentons aujourd'hui le compte rendu

    de la Conférence que Jean Pierre Rocher

    a présentée à saint fargeau.

     

    L’évolution de la propriété depuis le Moyen-Age

    Conférence de Monsieur Jean-Pierre Rocher, 19 novembre 2016, Saint-Fargeau

     

    Toujours aussi captivant et intéressant Monsieur Rocher ! Et quoi de plus naturel pour notre orateur, ancien professeur et historien passionné de notre chère région, de nous plonger un moment  dans le passé, sur les traces de cette histoire riche en bouleversements. Sans elle, nos lieux-dits ne seraient pas ce qu’ils sont devenus aujourd’hui.

    Ainsi, pendant un peu plus d’une heure,  dans une salle comble et attentive et après une courte et sympathique présentation de notre orateur par Monsieur Claude Lesire,  membre de notre association et ancien élève de Monsieur Rocher au lycée, nous parcourons  l’évolution combien mouvementée de l’histoire de la propriété.

    Il nous transporte tout d’abord au moment où le système féodal de l’Ancien Régime, système de l’ordre établi, bascula c’est-à-dire lors de cette fameuse  nuit du 4 août 1789 et  marqua à jamais par l’article  17 de la Déclaration des Droits de l’Homme le début de la liberté de la propriété devenue inviolable et sacrée. 

     

    Le Moyen-Age : un système féodal

     

    Pour mieux comprendre ce changement, nous devons revenir,  comme le souligne Monsieur Rocher sur ce  système féodal de la propriété (suzerain-vassal) qui fonctionnait comme une pyramide sociale avec au sommet le roi puis les grands vassaux (les grands seigneurs), les petits vassaux (les petits seigneurs), etc… Dans ce système de liens entre hommes libres, le fort protège le faible et lui promet une terre (un fief). En échange, le vassal doit Foi et Hommage au seigneur (système féodo-vassalique) et doit l’aider aussi  en soldat. Il nous apprend que le seigneur de Saint-Fargeau lui, est  directement vassal du roi. Mais le  fief peut être aussi tenu par un noble, un chevalier ou par le clergé (un évêque par ex.) ou par un bourgeois  comme par exemple Jacques Cœur.

    En outre, le fief étant une propriété qui se vend, s’achète et  s’hérite, le système devient complexe.  Comme exemple, il nous donne celui de la Grande Mademoiselle qui remit  à Lauzun son fief de Saint-Fargeau qui lui-même le revendit à Crozat. Ainsi, on ne s’y retrouve plus.  Les procès s’enchaînent. On assiste alors à un émiettement des fiefs ou tenures paysannes (masures) comme en Puisaye par exemple.  

    Dans ce système seigneurial, nulle terre sans seigneur, les seigneurs attribuent des terres (tenures ou masures) aux paysans qui, en contrepartie paient des droits comme le droit du cens (droit fixe souvent en nature, sorte de loyer ), de rente ou de mutation. En Puisaye, on parle de terrage (part de la récolte donnée au seigneur). Puis Monsieur Rocher énumère tous les nombreux droits en vigueur à cette époque, des banalités ou droits banaux (droit pour un seigneur d’avoir un moulin, un pressoir, une boucherie ou un four auquel tous les habitants de la seigneurie étaient obligés d’avoir recours sans pouvoir s’adresser ailleurs) aux droits de justice.  En outre, tout  le monde paie la dîme (portion congrue pour le curé). Les droits perçus sont affermés. Le fermier d’une seigneurie était donc intéressant pour le bourgeois.

     

    La Révolution : la  propriété aux mains des tenanciers

     

    A la Révolution, les registres  qui contenaient la description de tous ces fiefs ainsi que tous les droits s’y rattachant  et que l’on appelait terriers, ont presque tous été brûlés, à la grande joie des habitants des campagnes qui espéraient ainsi être exemptés, au moins en partie de tous ces droits.

    La propriété est remise par les seigneurs aux tenanciers (ce qui n’existait pas avant la nuit du 4 août).

    Mais les familles des tenanciers  s’accroissant celles-ci auraient fondé des communautés familiales taisibles et se seraient dispersées. Ce qui pourrait être le cas des Pautrats, que l’on retrouve dans d’autres lieux. On  assista aussi dans certains cas, à un regroupement des masures  qui deviendront ainsi des métairies ou exploitations agricoles, entité économique. Dans ce jeu,  les bourgeois marchands s’enrichissent,  ce qui donnera naissance plus tard, à la grande propriété (50 ha) puis à la très grande propriété (100 ha). Notre orateur nous fait remarquer que l’on retrouve ce système jusqu’à l’océan !

    Dans ce contexte de métairies (30 à 40 ha), exploitations agricoles autonomes contrairement aux manoeuvreries, petites fermes (moins de 10 ha) non autonomes, (celles-ci sont tenues par un manœuvrier, qui doit chercher l’emploi de ses bras en dehors du sol qui lui est affermé ), Monsieur Rocher souligne l’importance des baux (bail à ferme, bail à moitié) dans lesquels était stipulé ce que le tenancier (fermier) devait au bailleur (souvent un bourgeois marchand)  et pour quelle durée. A cet égard, il remercie son ancien ami Monsieur André Bourgeois, comme lui historien passionné de la Puisaye, pour toute la documentation (entre autres plusieurs baux)  qu’il a pu réunir et qui l’a aidé régulièrement dans ses études historiques. Rappelons que dans le dossier de la Mouillardière, lieu-dit présenté à notre exposition, vous avez pu consulter un exemple de bail à ferme daté de 1806 accompagné de son bail à cheptel et dans lequel, le propriétaire se garde la réserve de tous les bois et étangs (le fermier a droit, lui  au bois des haies)  et reçoit du fermier de menues faisances comme deux chapons et trois kilos de beurre à Noël.

     

    La révolution agricole du XIX e siècle

     

    Enfin, comme nous l’expose Monsieur Rocher, au XIX e siècle, la révolution agricole (1830-1870) menée par les grands propriétaires viendra mettre un terme  à la situation très précaire du monde agricole et des paysans en particulier.  Ainsi, deux grands propriétaires, Messieurs de Boisgelin (Les Ferriers et les Gâtines) et Lacour (les Pautrats) vont investir dans des techniques nouvelles de défrichage, de drainage et d’assolement des terres pour un meilleur rendement de celles-ci et donc voir une hausse de la valeur de leurs propriétés. Par ailleurs, la Puisaye va se débloquer et être plus accessible. On s’occupe des chemins vicinaux, des écoles, l’habitat se modernise. On construit des bâtiments d’exploitation plus modernes, plus vastes, plus aérés, plus commodes comme aux Pautrats. Les grands propriétaires, exemptés des charges  se font construire des châteaux.

    C’est aussi la période de l'organisation des chambres d'agriculture et la création  de comices et concours agricoles  qui mettent à l’honneur et  récompensent les fermiers (voir dans nos dossiers sur les lieux-dits les nombreux prix attribués à leurs fermiers).

    Mais, l’industrie et le commerce devenant plus importants que l’agriculture, les propriétaires vont trouver des revenus ailleurs (achats de rentes sur l’Etat, obligations par ex.). La propriété passe aux mains des paysans.

    A la fin du XIX e, la révolution agricole s’essouffle. Les paysans voient leurs revenus agricoles baisser, l’exode rural se met en marche…

     

    Là se termine la conférence, avec regret pour certains comme moi. Merci Monsieur Rocher pour ce  moment privilégié. Quel plaisir de vous avoir écouté !

     

     L’assistance est ensuite invitée par notre présidente, Madame Nadège Vallet, autour d’un verre de l’amitié, à partager ses impressions ou remarques avec notre orateur et à visiter notre exposition pour ceux qui n’avaient pas encore eu l’occasion de le faire.

     

    Françoise van Zon-Bourgeois

     

    Bibliographie intéressante sur ce sujet à consulter :

    -         « Au cœur du bocage de Puisaye, Saint-Privé au fil des âges », Jean-Pierre Rocher.

    -         « La Puisaye agricole », Charles Blanché, 1866, Annuaire historique du département de l’Yonne 1867.

    -         « Transformation des fiefs de la Puisaye, du XVIe au XVIII e siècle », article d’André Bourgeois (sur notre site).

     

    Conférence de JP Rocher  

     

      Conférence de JP Rocher

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    Transformation des fiefs de la Puisaye, du 16e au 18e siècle

    Par André Bourgeois

    Saint-Fargeau

     

    La Châtellenie de Saint-Fargeau, qui ne faisait qu‘un avec celle de Toucy (familles des Ythiers, des Bar) jusqu’au xve siècle, ne prit son importance réelle et son autonomie véritable que sous les maisons de Chabannes et de Bourbon.  Comme toute seigneurie importante, elle avait ses baillis, ses prévôts dans toutes les seigneuries vassales: Mézilles, Lavau, Septfonds et même Blandy (1).  Elle possédait ses  hautes, moyennes et basses justices à Saint-Fargeau, à la Motte-Levault (près de Saint-Privé) et autres lieux, ses gruyers (2), son église collégiale, une maladrerie (3), un hôpital, deux ou trois couvents. Elle eut, plus tard, un subdélégué à l’intendance, un grenier à sel , des échevins.

     

    Une vaste administration féodale parfaitement équilibrée englobait alors tout le pays dans le respect rigide des coutumes d’alors.  Pourtant la multiplication en son sein de petits fiefs, d’arrière fiefs  et de fiefs en l’air (4), la création continuelle de tènements  et de mazures  (5) dès la fin du xve siècle, tout cela compliquait et accroissait les charges: on ne savait plus, souvent, quel en  était le bénéficiaire coutumier.

     

    Quelles étaient donc les causes de ces profonds changements? Les guerres, les dépenses qui avaient appauvri les  nobles, la constitution d’armées permanentes … et la vive aspiration des bourgeois des villes, devenus riches, à se parer d’un titre nobiliaire!...

     

    Jacques Coeur, le très important  mais aussi très passager seigneur de Saint-Fargeau et autres lieux en 1453, n’était lui-même qu’un roturier, malgré ses biens immenses; il est un grand exemple de l’abandon  des traditions premières de la féodalité. Dès le xve siècle, bourgeois, marchands, légistes, avaient culbuté les traditions séculaires; les nobles acculés à de grands besoins d’argent, leur avaient vendu terres et châteaux;  ventes d’abord contestées par certains conservateurs des pures règles féodales, puis légitimées par l’ordonnance de Blois, en 1560.

     

    Déjà à l’avènement de la maison de Chabannes, en somme, la terre de Puisaye était morcelée en une infinité de petits fiefs, eux-mêmes divisés en circonscriptions assignées souvent en remerciements pour services rendus à des hommes de guerre ou à de bons laboureurs. Ceux-ci recevaient la terre, la défrichaient à condition de faire acte de vassalité par le cens (6) , par une rente et avec promesse d’y construire. La coutume du  Nivernais appelait ses inféodations des baux à bordelage, d’origine très ancienne (Xlle ou Xllle siècle). Ces premiers tenanciers, réduits à la pire des misères durant la guerre de Cent Ans disparurent.

     

    Le calme un peu revenu, les seigneurs qui vivaient de tous ces cens et rentes payés par leurs vassaux, firent appel à de nouveaux tenanciers. La terre poyaudine fut remise en culture par ces derniers, qui, favorisés, aidés par Jean de Chabannes et par Nicolas d’Anjou, s’implantèrent et donnèrent leur nom aux lieux qu’ils habitaient et qu’ils cultivaient. Les registres appelés terriers (7), qui contenaient la description de tous ces mini-fiefs, ainsi que tous droits, dîmes, corvées et coutumes s’y rattachant, ont donné l’explication de beaucoup de lieux-dits.  Je n’en mentionnerai qu’une quinzaine portant le nom de ceux qui les habitaient à cette époque :

     

    • Les Dalibeaux: Pierre Dalibeau , en 1454
    • Le Petit-Montargis: Pierre Montargis, de 1454 à 1501
    • Les Pautrats: Jehan Pautrat, en 1540
    • Le Buisson et la Cour-Buisson: Claude Buisson et sa famille de 1539 à 1671
    • La Métaierie Archambault : Martin Archambault, en 1460
    • Les Midoux: Etienne Midoux, en 1675
    • Les Satillats: Jean Satillat, en 1545
    • Les Prévôts: Germain Prévôt, en 1560
    • Les Briquets: Edmée Briquet, en 1574
    • Les Naullets: Jean Naullet, en 1499
    • Les Morillons: Etienne Morillon, en 1528
    • Les Goûts: Etienne et Pasque Goût, en 1506
    • Le Moulin Ragon: famille de marchands de bois, en 1694
    • Les Berthes: Geoffroy Berthe, en 1540

     

    Les guerres de religion (1560 à 1598) amenèrent à nouveau la misère, celles de la Ligue, néfastes en notre région, accablèrent les tenanciers et mazuriers qui, mourant de faim, vendirent parfois à vil prix la terre qu’ils avaient pu acquérir en un meilleur moment. De nombreux petits fiefs furent cédés à d’autres roturiers (commerçants enrichis, bourgeois habiles). Quant aux communautés, apparamment autonomes au point de vue administratif, elles étaient à la fois soumises à l’intendance et au seigneur, d’où une lutte constante entre les échevins et les officiers du comté. durant tout le XVllle siècle, à Saint-Fargeau (registre des délibérations   des échevins, 1760 à 1775). On incriminait les hommes, c’était le système qui était revenu de plus en plus mauvais par la multiplication  des vassalités, des dépendances, toutes causes des querelles et des incertitudes.

     

    La Révolution de 1789 trouva, dans notre région, un fouillis de mouvances, un enchevètrement de fiefs dominants ou servants. Le seigneur d’un fief dominant pouvait se trouver vassal d’un fief servant, à cause d’héritages ou d’achats ultérieurs.

     

    Confusion telle que dans un acte de 1642, une venderesse de Mézilles déclare ne pas savoir à qui sont dus les droits seigneuriaux. Procès interminable du chapitre de Saint-Fargeau contre le seigneur de la Motte-Levault (Saint-Privé) au sujet du terrage des Landiers, procès qui dura  de 1708  à 1720…

     

    La Constituante, dans la nuit du 4 août 1789, puis en 1791, la Législative en 1792, devaient réduire à néant ces restes de l’âge féodal par la mise en vente des biens nationaux et par de nouveaux actes législatifs. 

      

     

    (1) Ce hameau de la commune de Saint-Martin-des-Champs semble avoir été le siège d’un fief important.

    (2) Officiers qui s’occupaient de faire respecter les prérogatives du seigneur sur les bois.

    (3)Dans un vaste terrain, au sommet de la rue de Bourgogne, à droite avant la ferme des Pautrats, la chapelle Saint-Lazare ou des Lépreux, a été transformée en logis; on y remarque encore l’abside et la place des fenêtres originales.

    (4) Fiefs en l’air: petits fiefs sans manoir, sans habitation principale.

    (5) Habitations environnées de terres cultivées par le tenancier ou le mazurier.

    (6)Redevances payées par les roturiers à leur seigneur.

     (7)Ces terriers furent, hélas, brûlés en grande solennité à Saint-Fargeau, à la porte Saint-Martin, le 27 brumaire, an II (archives communales). Que de choses intéressantes nous auraient-ils apprises!

     

    Sources:

    “Les fiefs de Puisaye” (Ch. Blanché)

    “La Puisaye”  ( Challe)

    “Recherches sur Saint-Fargeau-Toucy”  (Docteur de Smyttere)

     

     

     

     


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    Famille   M A L C H I E N

     

    1738 ………La « Thuille de MALCHIEN »….Saint-Fargeau

    1757……….Jeanne Malchien ……………..Lavau

    1780……….Louis Malchien………………….Septfonds

    1812……....Rose Malchien………..St Martin des Champs

    1898……….Léopold Malchien aux Peynaux à Toucy et Malchien père aux Pinons, lauréat du Concours Agricole (  bulletin de la Fédération agricole, viticole et horticole de l’Yonne )

     

                        Sur la piste de la « THUILLE MALCHIEN ».

     

    ·       1738, le 2 octobre, à 4h de l’après-midi…EDME MALCHIEN , « thuillier » à la briqueterie Archambault du TALON, grave sur une tuile  un message destiné à la personne qui la retrouvera.

    ·       Vers 1880, Théophile HABERT, notaire originaire de l’Yonne, achète la tuile à Auxerre et l’expose dans son musée personnel à Troyes.

    ·       En 1893, T. HABERT fait don de ses collections au musée de l’hôtel de ville de REIMS.

    ·         En 1901, le musée édite un catalogue où figure la tuile  (code 7917).

     

    ·       Le 3 mai 1917, l’hôtel de ville de Reims est détruit par un incendie ainsi que toutes les collections T. HABERT.

     

    ·       2015 – 2016, l’Association Histoire et Patrimoine reconstitue l’itinéraire de cette tuile bien modeste et de son auteur dont la signature vient d’être retrouvée sur un acte de 1747 !

     

     

     

     

     

     


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    PORCHAMP………………………….lieu-dit de Saint-Fargeau

    Ferme

     

    Toponyme, possible dérivé du nom de famille PORCHIN ou des activités fermières.

    ( variantes : Parchamp, Perchamp )

     

    Au fil du temps :

     

    1750 – La ferme figure sur la carte de Cassini, PORCHAMP.

    1775 – PORCHIN (plan Abbaye St Germain, Auxerre).

    Après 1812, PORCHANT sur le cadastre napoléonien.

    28-04- 1931 – Mr CHABIN Armand, fermier à PORCHAMP, dépose une demande de placement dans un institut pour son fils Charles, aveugle.

     

     

                                                     Michel Descamps

     

     

     

                       

     

     

     


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    LES BERTHES………………………lieu-dit de Saint-Fargeau

    Ferme ………… (Berthes-Bailly)

    Berthe : nom des premiers propriétaires bénéficiant d’une concession seigneuriale à la fin du 15ème siècle.

    Etymologie de ce patronyme :

    Plus fréquent dans les Ardennes et dans la Marne, il est d’origine germanique et peut avoir le sens de brillant (bernt) ou de célèbre (berhaut – surnom pour un chef de guerre).

    Variantes : Berthe (s) – Bert – Bertes -  etc …

    Au fil du temps :

    1540 – Geoffroy BERTHE, électeur de l’Assemblée des habitants.

    1545 – Louis BERTHE, électeur de l’Assemblée des habitants.

    1750 – BERTES…la ferme figure sur la carte de Cassini.

    1869 – ROBINEAU, fermier. (*)

    1931 – Concours agricole : personnel des Berthes récompensé …

    Mme Pioche, Mr Désiré Nesly, Mr Brisedoux.

    1939 – Médaille d’or à Joigny : Emile Thillier des Berthes .

     

    (*) - Description de la ferme par le jury du concours 1869 :

    « Aux Berthes, chez Mr Robineau, aucun point saillant, rien de spécial qui puisse être signalé ; le domaine des Berthes, situé au milieu des terres, n’est traversé par aucune route carrossable : les chemins de traverse seuls y donnent accès. » 

     

                          Michel Descamps

     

     

     


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    LES GRILLES……………………………………lieu-dit de Saint-Fargeau

    Ferme

     

     

    Etymologie :

     

    Grille ou grillon désigne un terrain pierreux qui, au soleil, dessèche la végétation… Cette dernière est alors « grillée » et devient un lieu recherché par les grillons, grands amateurs de terrains secs.

    Grillon = gryllum, en latin… grillot, en patois de l’Yonne.

     

    Au fil du temps :

    1858 – Le toponyme « Les Grilles » figure dans le dictionnaire des lieux-dits de l’Yonne qui indique une ferme.

    1894 – Jean-Louis LARDILLIER des Grilles est cité au concours agricole de St Fargeau pour ses pouliches et poulains de moins d’un an .                    

                                                               Michel Descamps

     

     

     

     

     


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    Tout est-il mystérieux dans le bois des MALCOURONNES ?

    L’origine de ce patronyme normand est issu d’un surnom péjoratif « male queronne » du haut moyen âge…

    lors d’une bataille, en 1047, le roi de France Henri 1er fut désarçonné… l’endroit de sa chute fut appelé « la mal couronne »………

    En 1099, une chanson satirique normande, composée lors de la première croisade à Jérusalem, évoque un certain chapelain Arnould MALCOURONNE c'est-à-dire le « mal tonsuré » car ses mœurs laissaient à désirer… l’expression « tant de martyrs mal couronnés » se rencontre chez les premiers chrétiens….

    1316…coupe de bois de Jeanne de Toucy à Malcouronne.

    Un parchemin de 1537 cite le « bois de Malcouronne »…

    Nous ne savons toujours pas qui était ce Malcouronne propriétaire de cette parcelle que l’on a crue mal fréquentée en ces temps reculés….

    le bois de la Bête, un loup, un démon ?... 

    l’étang des Dames, des dames blanches, des fées…

    le bois des Châteaux, un secteur d’enceintes fossoyées avec la Genetière, lieu hanté……

    Une charmante chaumière que cette ESCRIGNELLE au bord d’un étang…

    Qu’en est-il, dans ce registre, des bois brûlés ?...de l’étang malade…

    Quant aux « pétilleries » des lutins farceurs… elles rendraient ce bois de Malcouronne moins inquiétant !

     

    (extraits du dossier des lieux-dits de St Fargeau) 

     

                                                                                     Michel Descamps

     

     


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    LES DALIBEAUX………………… lieu-dit de Saint-Fargeau

     

    FERME et ancien fief situé sur la paroisse de St Fargeau.

    Nom de famille provenant de la Touraine et nom du premier propriétaire à la fin du XVème siècle, (concession seigneuriale).

    AU FIL DU TEMPS :

    1454 - Pierre DALIBEAU, possible premier propriétaire.

    1537 – Étienne COURTOIS, teinturier à Gien, acquiert Les Dalibeaux, et remet une DÉCLARATION sur parchemin à Nicolas d’Anjou, Comte de St Fargeau.

    1750 – La ferme figure sur la carte de Cassini.

    1850 – Mr BLANCHET construit le manoir actuel des Dalibeaux . Propriétaire de la ferme « Les Nollets ». Des pièces gallo-romaines sont découvertes lors de la construction de la maison actuelle.

    5 mars 1855 – Le fermier ROBINEAU des Dalibeaux reçoit l’éminent médecin-vétérinaire DONNARIEIX pour des soins à ses bovins.

    23 août 1931 – Albert Carroué obtient une médaille de bronze à ce concours (section horticulture).         (*)

    1936 – Alfred JUVIGNY, fermier aux Dalibeaux .

    12 sept 1936 – Albert CARROUE, jardinier au château des Dalibeaux, offre 50 francs à la Sté d’horticulture de l’Yonne.

    4 juillet 1937 – Le jardinier chef Georges KLAUX des DALIBEAUX obtient la médaille de vermeil au concours des jardins organisé par la Sté d’Horticulture de l’Yonne.

     

    (*) C’est lors de ce concours agricole cantonal que le sénateur GAUDAIRE dit sa joie de pouvoir annoncer aux agriculteurs de ce canton que la question de l’électrification de la région, depuis longtemps déjà à l’étude, est enfin une chose décidée et qui sera réalisée sous très peu de temps.

     

                                                                                                         Michel Descamps

     

     


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    LES COURREAUX……….lieu-dit de Saint-Fargeau.
    ( hameau )



    Nom du premier propriétaire à la fin du 15ème siècle, concession seigneuriale des CHABANNES, soumise à des redevances.

    Au fil du temps :
    1537 – Les Couraults (parchemin du procureur royal d’Orléans )
    1758 – Les Coureaux . (carte de Cassini)
    1850 – Les Courreaux .
    1931 – La ferme reçoit plusieurs prix au Concours Agricole local… (détails en page 2, « les gens d’ici et d’avant »)

    ETYMOLOGIE de ce nom de famille que l’on rencontre aussi dans la Nièvre et dans le Loiret …Deux racines possibles conduisent au même sens : quercus, le chêne, pour le latin…et coral ou coura , le chêne pour la racine celte… Le patronyme COURREAU désigne donc un domaine où les chênes abondent…ou encore un lieu avec la présence d’un chêne remarquable.

     

     

    LES COURREAUX…………………………….. « Les gens d’ici … et d’avant… »

    Le concours agricole cantonal du 23 août 1931…Une grande fête rurale au décor champêtre….               Un discours enthousiaste de Mr le Maire Gauthier à la gloire de la Puisaye…Une moisson de médailles pour LES COURREAUX…

    UNE GRANDE FÊTE RURALE :

    « …à cette occasion, la capitale de la Puisaye, s’était coquettement parée de grâces nouvelles…de très beaux arcs de triomphe… des guirlandes multicolores couraient d’un arbre à l’autre et disaient l’allégresse et la cordialité de l’accueil…à midi, un banquet de 200 couverts était servi à l’Hôtel du Lion d’Or… » .

    LE GRAND DISCOURS DE Mr LE MAIRE GAUTHIER : (extraits)
    « Terre de Puisaye, pétrie d’argile et de fer, terre des grands chênes et des étangs poissonneux, des champs bordés de haies en fleurs et d’arbres à fruits, terre des nobles initiatives qui illustrent l’Histoire de France, terre de beauté généreuse qui a su attirer de grands artistes et de gracieux artisans et qui offre l’hospitalité de ses verdures et de son air fortifiant aux enfants de Paris… »

    UNE MOISSON…DE MÉDAILLES POUR LES COURREAUX :

    Familles agricoles nombreuses : 1er prix, vermeil, Mr Arthur PIPAULT, Les Courreaux, 11 enfants.
    Labourage 4 bœufs : 1er prix, Mr Roger CHEVAU , Les Courreaux.
    Vaches laitières : 1er prix, 2ème prix génisse, prix spécial veau : Arthur PIPAULT, Les Courreaux
    Tenue des fermes et améliorations agricoles : 1er prix vermeil, Arthur PIPAULT, Les Courreaux.
    Tenue du potager : 2ème prix argent, Arthur PIPAULT, Les Courreaux.
    Les oies Emden : 1er prix Mme PIPAULT, Les Courreaux et… Prix d’Honneur pour l’ensemble des oies à Mme PIPAULT, Les Courreaux.

     

                                                                                                       Michel Descamps

     

     


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