•  

     

    DU NOUVEAU DU COTE DES « PETITES CITES DE CARACTÈRE »

     

    La  Commune s’est engagée résolument dans cette démarche et a donc présenté un dossier bien documenté  pour obtenir ce label. Vous pouvez vous reporter à notre précédent article où nous présentions les raisons d’être de ce label.
    La Commission, chargée d’évaluer les atouts de notre ville, a visité notre ville le 29 novembre 2016.

    Notre association a tenu à appuyer cette démarche en accueillant les Membres de la  Commission à l’exposition présentée sur le thème de «Saint-Fargeau : les lieux-dits » et  « les sœurs siamoises de Septfonds », qui a été ainsi prolongée de quelques jours.

    Nous attendons bien entendu en 2017 de connaître officiellement le résultat, que nous souhaitons positif,  de ces actions.

    à lire : un article du journal "L'Yonne Républicaine"

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  •  

    Nous vous présentons aujourd'hui le compte rendu

    de la Conférence que Jean Pierre Rocher

    a présentée à saint fargeau.

     

    L’évolution de la propriété depuis le Moyen-Age

    Conférence de Monsieur Jean-Pierre Rocher, 19 novembre 2016, Saint-Fargeau

     

    Toujours aussi captivant et intéressant Monsieur Rocher ! Et quoi de plus naturel pour notre orateur, ancien professeur et historien passionné de notre chère région, de nous plonger un moment  dans le passé, sur les traces de cette histoire riche en bouleversements. Sans elle, nos lieux-dits ne seraient pas ce qu’ils sont devenus aujourd’hui.

    Ainsi, pendant un peu plus d’une heure,  dans une salle comble et attentive et après une courte et sympathique présentation de notre orateur par Monsieur Claude Lesire,  membre de notre association et ancien élève de Monsieur Rocher au lycée, nous parcourons  l’évolution combien mouvementée de l’histoire de la propriété.

    Il nous transporte tout d’abord au moment où le système féodal de l’Ancien Régime, système de l’ordre établi, bascula c’est-à-dire lors de cette fameuse  nuit du 4 août 1789 et  marqua à jamais par l’article  17 de la Déclaration des Droits de l’Homme le début de la liberté de la propriété devenue inviolable et sacrée. 

     

    Le Moyen-Age : un système féodal

     

    Pour mieux comprendre ce changement, nous devons revenir,  comme le souligne Monsieur Rocher sur ce  système féodal de la propriété (suzerain-vassal) qui fonctionnait comme une pyramide sociale avec au sommet le roi puis les grands vassaux (les grands seigneurs), les petits vassaux (les petits seigneurs), etc… Dans ce système de liens entre hommes libres, le fort protège le faible et lui promet une terre (un fief). En échange, le vassal doit Foi et Hommage au seigneur (système féodo-vassalique) et doit l’aider aussi  en soldat. Il nous apprend que le seigneur de Saint-Fargeau lui, est  directement vassal du roi. Mais le  fief peut être aussi tenu par un noble, un chevalier ou par le clergé (un évêque par ex.) ou par un bourgeois  comme par exemple Jacques Cœur.

    En outre, le fief étant une propriété qui se vend, s’achète et  s’hérite, le système devient complexe.  Comme exemple, il nous donne celui de la Grande Mademoiselle qui remit  à Lauzun son fief de Saint-Fargeau qui lui-même le revendit à Crozat. Ainsi, on ne s’y retrouve plus.  Les procès s’enchaînent. On assiste alors à un émiettement des fiefs ou tenures paysannes (masures) comme en Puisaye par exemple.  

    Dans ce système seigneurial, nulle terre sans seigneur, les seigneurs attribuent des terres (tenures ou masures) aux paysans qui, en contrepartie paient des droits comme le droit du cens (droit fixe souvent en nature, sorte de loyer ), de rente ou de mutation. En Puisaye, on parle de terrage (part de la récolte donnée au seigneur). Puis Monsieur Rocher énumère tous les nombreux droits en vigueur à cette époque, des banalités ou droits banaux (droit pour un seigneur d’avoir un moulin, un pressoir, une boucherie ou un four auquel tous les habitants de la seigneurie étaient obligés d’avoir recours sans pouvoir s’adresser ailleurs) aux droits de justice.  En outre, tout  le monde paie la dîme (portion congrue pour le curé). Les droits perçus sont affermés. Le fermier d’une seigneurie était donc intéressant pour le bourgeois.

     

    La Révolution : la  propriété aux mains des tenanciers

     

    A la Révolution, les registres  qui contenaient la description de tous ces fiefs ainsi que tous les droits s’y rattachant  et que l’on appelait terriers, ont presque tous été brûlés, à la grande joie des habitants des campagnes qui espéraient ainsi être exemptés, au moins en partie de tous ces droits.

    La propriété est remise par les seigneurs aux tenanciers (ce qui n’existait pas avant la nuit du 4 août).

    Mais les familles des tenanciers  s’accroissant celles-ci auraient fondé des communautés familiales taisibles et se seraient dispersées. Ce qui pourrait être le cas des Pautrats, que l’on retrouve dans d’autres lieux. On  assista aussi dans certains cas, à un regroupement des masures  qui deviendront ainsi des métairies ou exploitations agricoles, entité économique. Dans ce jeu,  les bourgeois marchands s’enrichissent,  ce qui donnera naissance plus tard, à la grande propriété (50 ha) puis à la très grande propriété (100 ha). Notre orateur nous fait remarquer que l’on retrouve ce système jusqu’à l’océan !

    Dans ce contexte de métairies (30 à 40 ha), exploitations agricoles autonomes contrairement aux manoeuvreries, petites fermes (moins de 10 ha) non autonomes, (celles-ci sont tenues par un manœuvrier, qui doit chercher l’emploi de ses bras en dehors du sol qui lui est affermé ), Monsieur Rocher souligne l’importance des baux (bail à ferme, bail à moitié) dans lesquels était stipulé ce que le tenancier (fermier) devait au bailleur (souvent un bourgeois marchand)  et pour quelle durée. A cet égard, il remercie son ancien ami Monsieur André Bourgeois, comme lui historien passionné de la Puisaye, pour toute la documentation (entre autres plusieurs baux)  qu’il a pu réunir et qui l’a aidé régulièrement dans ses études historiques. Rappelons que dans le dossier de la Mouillardière, lieu-dit présenté à notre exposition, vous avez pu consulter un exemple de bail à ferme daté de 1806 accompagné de son bail à cheptel et dans lequel, le propriétaire se garde la réserve de tous les bois et étangs (le fermier a droit, lui  au bois des haies)  et reçoit du fermier de menues faisances comme deux chapons et trois kilos de beurre à Noël.

     

    La révolution agricole du XIX e siècle

     

    Enfin, comme nous l’expose Monsieur Rocher, au XIX e siècle, la révolution agricole (1830-1870) menée par les grands propriétaires viendra mettre un terme  à la situation très précaire du monde agricole et des paysans en particulier.  Ainsi, deux grands propriétaires, Messieurs de Boisgelin (Les Ferriers et les Gâtines) et Lacour (les Pautrats) vont investir dans des techniques nouvelles de défrichage, de drainage et d’assolement des terres pour un meilleur rendement de celles-ci et donc voir une hausse de la valeur de leurs propriétés. Par ailleurs, la Puisaye va se débloquer et être plus accessible. On s’occupe des chemins vicinaux, des écoles, l’habitat se modernise. On construit des bâtiments d’exploitation plus modernes, plus vastes, plus aérés, plus commodes comme aux Pautrats. Les grands propriétaires, exemptés des charges  se font construire des châteaux.

    C’est aussi la période de l'organisation des chambres d'agriculture et la création  de comices et concours agricoles  qui mettent à l’honneur et  récompensent les fermiers (voir dans nos dossiers sur les lieux-dits les nombreux prix attribués à leurs fermiers).

    Mais, l’industrie et le commerce devenant plus importants que l’agriculture, les propriétaires vont trouver des revenus ailleurs (achats de rentes sur l’Etat, obligations par ex.). La propriété passe aux mains des paysans.

    A la fin du XIX e, la révolution agricole s’essouffle. Les paysans voient leurs revenus agricoles baisser, l’exode rural se met en marche…

     

    Là se termine la conférence, avec regret pour certains comme moi. Merci Monsieur Rocher pour ce  moment privilégié. Quel plaisir de vous avoir écouté !

     

     L’assistance est ensuite invitée par notre présidente, Madame Nadège Vallet, autour d’un verre de l’amitié, à partager ses impressions ou remarques avec notre orateur et à visiter notre exposition pour ceux qui n’avaient pas encore eu l’occasion de le faire.

     

    Françoise van Zon-Bourgeois

     

    Bibliographie intéressante sur ce sujet à consulter :

    -         « Au cœur du bocage de Puisaye, Saint-Privé au fil des âges », Jean-Pierre Rocher.

    -         « La Puisaye agricole », Charles Blanché, 1866, Annuaire historique du département de l’Yonne 1867.

    -         « Transformation des fiefs de la Puisaye, du XVIe au XVIII e siècle », article d’André Bourgeois (sur notre site).

     

    Conférence de JP Rocher  

     

      Conférence de JP Rocher

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  •  

     

    Transformation des fiefs de la Puisaye, du 16e au 18e siècle

    Par André Bourgeois

    Saint-Fargeau

     

    La Châtellenie de Saint-Fargeau, qui ne faisait qu‘un avec celle de Toucy (familles des Ythiers, des Bar) jusqu’au xve siècle, ne prit son importance réelle et son autonomie véritable que sous les maisons de Chabannes et de Bourbon.  Comme toute seigneurie importante, elle avait ses baillis, ses prévôts dans toutes les seigneuries vassales: Mézilles, Lavau, Septfonds et même Blandy (1).  Elle possédait ses  hautes, moyennes et basses justices à Saint-Fargeau, à la Motte-Levault (près de Saint-Privé) et autres lieux, ses gruyers (2), son église collégiale, une maladrerie (3), un hôpital, deux ou trois couvents. Elle eut, plus tard, un subdélégué à l’intendance, un grenier à sel , des échevins.

     

    Une vaste administration féodale parfaitement équilibrée englobait alors tout le pays dans le respect rigide des coutumes d’alors.  Pourtant la multiplication en son sein de petits fiefs, d’arrière fiefs  et de fiefs en l’air (4), la création continuelle de tènements  et de mazures  (5) dès la fin du xve siècle, tout cela compliquait et accroissait les charges: on ne savait plus, souvent, quel en  était le bénéficiaire coutumier.

     

    Quelles étaient donc les causes de ces profonds changements? Les guerres, les dépenses qui avaient appauvri les  nobles, la constitution d’armées permanentes … et la vive aspiration des bourgeois des villes, devenus riches, à se parer d’un titre nobiliaire!...

     

    Jacques Coeur, le très important  mais aussi très passager seigneur de Saint-Fargeau et autres lieux en 1453, n’était lui-même qu’un roturier, malgré ses biens immenses; il est un grand exemple de l’abandon  des traditions premières de la féodalité. Dès le xve siècle, bourgeois, marchands, légistes, avaient culbuté les traditions séculaires; les nobles acculés à de grands besoins d’argent, leur avaient vendu terres et châteaux;  ventes d’abord contestées par certains conservateurs des pures règles féodales, puis légitimées par l’ordonnance de Blois, en 1560.

     

    Déjà à l’avènement de la maison de Chabannes, en somme, la terre de Puisaye était morcelée en une infinité de petits fiefs, eux-mêmes divisés en circonscriptions assignées souvent en remerciements pour services rendus à des hommes de guerre ou à de bons laboureurs. Ceux-ci recevaient la terre, la défrichaient à condition de faire acte de vassalité par le cens (6) , par une rente et avec promesse d’y construire. La coutume du  Nivernais appelait ses inféodations des baux à bordelage, d’origine très ancienne (Xlle ou Xllle siècle). Ces premiers tenanciers, réduits à la pire des misères durant la guerre de Cent Ans disparurent.

     

    Le calme un peu revenu, les seigneurs qui vivaient de tous ces cens et rentes payés par leurs vassaux, firent appel à de nouveaux tenanciers. La terre poyaudine fut remise en culture par ces derniers, qui, favorisés, aidés par Jean de Chabannes et par Nicolas d’Anjou, s’implantèrent et donnèrent leur nom aux lieux qu’ils habitaient et qu’ils cultivaient. Les registres appelés terriers (7), qui contenaient la description de tous ces mini-fiefs, ainsi que tous droits, dîmes, corvées et coutumes s’y rattachant, ont donné l’explication de beaucoup de lieux-dits.  Je n’en mentionnerai qu’une quinzaine portant le nom de ceux qui les habitaient à cette époque :

     

    • Les Dalibeaux: Pierre Dalibeau , en 1454
    • Le Petit-Montargis: Pierre Montargis, de 1454 à 1501
    • Les Pautrats: Jehan Pautrat, en 1540
    • Le Buisson et la Cour-Buisson: Claude Buisson et sa famille de 1539 à 1671
    • La Métaierie Archambault : Martin Archambault, en 1460
    • Les Midoux: Etienne Midoux, en 1675
    • Les Satillats: Jean Satillat, en 1545
    • Les Prévôts: Germain Prévôt, en 1560
    • Les Briquets: Edmée Briquet, en 1574
    • Les Naullets: Jean Naullet, en 1499
    • Les Morillons: Etienne Morillon, en 1528
    • Les Goûts: Etienne et Pasque Goût, en 1506
    • Le Moulin Ragon: famille de marchands de bois, en 1694
    • Les Berthes: Geoffroy Berthe, en 1540

     

    Les guerres de religion (1560 à 1598) amenèrent à nouveau la misère, celles de la Ligue, néfastes en notre région, accablèrent les tenanciers et mazuriers qui, mourant de faim, vendirent parfois à vil prix la terre qu’ils avaient pu acquérir en un meilleur moment. De nombreux petits fiefs furent cédés à d’autres roturiers (commerçants enrichis, bourgeois habiles). Quant aux communautés, apparamment autonomes au point de vue administratif, elles étaient à la fois soumises à l’intendance et au seigneur, d’où une lutte constante entre les échevins et les officiers du comté. durant tout le XVllle siècle, à Saint-Fargeau (registre des délibérations   des échevins, 1760 à 1775). On incriminait les hommes, c’était le système qui était revenu de plus en plus mauvais par la multiplication  des vassalités, des dépendances, toutes causes des querelles et des incertitudes.

     

    La Révolution de 1789 trouva, dans notre région, un fouillis de mouvances, un enchevètrement de fiefs dominants ou servants. Le seigneur d’un fief dominant pouvait se trouver vassal d’un fief servant, à cause d’héritages ou d’achats ultérieurs.

     

    Confusion telle que dans un acte de 1642, une venderesse de Mézilles déclare ne pas savoir à qui sont dus les droits seigneuriaux. Procès interminable du chapitre de Saint-Fargeau contre le seigneur de la Motte-Levault (Saint-Privé) au sujet du terrage des Landiers, procès qui dura  de 1708  à 1720…

     

    La Constituante, dans la nuit du 4 août 1789, puis en 1791, la Législative en 1792, devaient réduire à néant ces restes de l’âge féodal par la mise en vente des biens nationaux et par de nouveaux actes législatifs. 

      

     

    (1) Ce hameau de la commune de Saint-Martin-des-Champs semble avoir été le siège d’un fief important.

    (2) Officiers qui s’occupaient de faire respecter les prérogatives du seigneur sur les bois.

    (3)Dans un vaste terrain, au sommet de la rue de Bourgogne, à droite avant la ferme des Pautrats, la chapelle Saint-Lazare ou des Lépreux, a été transformée en logis; on y remarque encore l’abside et la place des fenêtres originales.

    (4) Fiefs en l’air: petits fiefs sans manoir, sans habitation principale.

    (5) Habitations environnées de terres cultivées par le tenancier ou le mazurier.

    (6)Redevances payées par les roturiers à leur seigneur.

     (7)Ces terriers furent, hélas, brûlés en grande solennité à Saint-Fargeau, à la porte Saint-Martin, le 27 brumaire, an II (archives communales). Que de choses intéressantes nous auraient-ils apprises!

     

    Sources:

    “Les fiefs de Puisaye” (Ch. Blanché)

    “La Puisaye”  ( Challe)

    “Recherches sur Saint-Fargeau-Toucy”  (Docteur de Smyttere)

     

     

     

     


    votre commentaire
  •  

     

    Famille   M A L C H I E N

     

    1738 ………La « Thuille de MALCHIEN »….Saint-Fargeau

    1757……….Jeanne Malchien ……………..Lavau

    1780……….Louis Malchien………………….Septfonds

    1812……....Rose Malchien………..St Martin des Champs

    1898……….Léopold Malchien aux Peynaux à Toucy et Malchien père aux Pinons, lauréat du Concours Agricole (  bulletin de la Fédération agricole, viticole et horticole de l’Yonne )

     

                        Sur la piste de la « THUILLE MALCHIEN ».

     

    ·       1738, le 2 octobre, à 4h de l’après-midi…EDME MALCHIEN , « thuillier » à la briqueterie Archambault du TALON, grave sur une tuile  un message destiné à la personne qui la retrouvera.

    ·       Vers 1880, Théophile HABERT, notaire originaire de l’Yonne, achète la tuile à Auxerre et l’expose dans son musée personnel à Troyes.

    ·       En 1893, T. HABERT fait don de ses collections au musée de l’hôtel de ville de REIMS.

    ·         En 1901, le musée édite un catalogue où figure la tuile  (code 7917).

     

    ·       Le 3 mai 1917, l’hôtel de ville de Reims est détruit par un incendie ainsi que toutes les collections T. HABERT.

     

    ·       2015 – 2016, l’Association Histoire et Patrimoine reconstitue l’itinéraire de cette tuile bien modeste et de son auteur dont la signature vient d’être retrouvée sur un acte de 1747 !

     

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  •  

    Prochain rendez-vous

    cliquez sur le lien (s'il y en a un)pour avoir des détails

     

     

    Notre exposition 2016

     à l'office du Tourisme de St Fargeau

     

    "SAINT FARGEAU : "LIEUX-DITS, LIEUX DE MÉMOIRE"

    et

    "les SŒURS SIAMOISES DE SEPTFONDS"

     

    du samedi 5 novembre 2016 au samedi 26 novembre 2016.

     

     

     

     

     

     

     

     
     
             
             
             

    votre commentaire
  •  

     

    Une bien curieuse visite à l’église de St Fargeau

    La curiosité n’est pas toujours un vilain défaut ; au contraire, elle trouve souvent toute sa raison d’être chez ceux qui comme moi, ne cessent de s’interroger sur les secrets du passé. Quel plaisir de chercher à dénouer des énigmes ou d’essayer de comprendre ce qui se cache derrière les murs de nos édifices ! Notre église par exemple, abriterait-elle une crypte comme beaucoup d’entre nous sembleraient le supposer ou s’agirait-il plutôt d’un caveau comme d’autres le prétendent ? Eh bien la meilleure manière de le savoir serait d’y organiser une petite visite.

     

    Après avoir reçu l’accord de notre maire, Jean Joumier et celui du Père Christophe Champenois, curé de Saint-Fargeau, nous décidons qu’un petit groupe de notre association, accompagné de H. Bourgoin (diacre) se retrouverait le mardi 16 Août, dans l’église Saint-Ferréol, plus précisément devant la Chapelle seigneuriale appelée aussi la Chapelle des Seigneurs, là où se trouverait la crypte.

    Cette chapelle se situe à droite du chœur de l’église, près de l’abside. Certains historiens   attribuent à Antoine de Chabannes (1411-1488) la construction de cette abside (pour l’embellissement de l’église). La chapelle seigneuriale, elle, pourrait être attribuée à Nicolas d’Anjou (1518-1572), arrière-petit-fils d’Antoine de Chabannes,  qui l’aurait agrandie ou reconstruite. Son architecture semble postérieure à celle de l’abside. Il faut rappeler qu’Antoine de Chabannes, comte de Dammartin  s’est montré un grand bâtisseur à la fin de sa vie. On lui doit, entre autres, la reconstruction du château à partir de 1467, la fondation du chapitre en 1478 et l’Hôpital fondé en 1481.

    A l’intérieur de la chapelle, sur un pilier tronqué, on remarque une plaque de marbre noir de 40 cm environ,  probablement du XVIIIe,  sur laquelle est gravée une épitaphe à son nom mais difficile à lire:

     

    « Cy-gît Antoine de Chabannes,

    Comte de Dammartin, seigneur

    de Saint-Fergeau et du païs de puïsaie,

    chevalier de l’ordre du roy,

    grand-maître de France

    sous Louis XI, mort le 25 décembre 1488 »

     

    Son corps, lui, repose à Dammartin mais son cœur et ses entrailles furent d’abord déposés dans une châsse  près de l’entrée de l’église puis la capse (terme du vieux français désignant une caisse de plomb) aurait été insérée dans les murs de la chapelle. Malheureusement, rien ne nous a permis de la découvrir.

    C’est dans cette chapelle que les seigneurs de Saint-Fargeau assistaient aux offices. Ils y accédaient par une porte donnant sur la ruelle longeant l’église et le presbytère. On peut d’ailleurs encore en  voir une trace sur le mur, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.

    Au XIXe siècle, de 1876 à 1881, de gros travaux de modernisation de l’église sont entrepris. Ceux-ci porteront par exemple sur le remplacement des vitraux de l’abside (22 panneaux  du XIIIe siècle se trouvent actuellement au Musée d’Art et d’Histoire de Genève) et la construction d’une voûte en brique dans la nef. C’est à cette époque d’ailleurs que le pilier tronqué aurait été refait et les murs de la chapelle seigneuriale recouverts d’un enduit caractéristique du XIXe, cachant ainsi les peintures murales que l’on distingue encore un peu sur l’un des murs. 

     

    Après nous être familiarisés avec notre environnement, nous voilà maintenant au-dessus de l’objet de notre visite : la « crypte ». Sur le sol, de lourdes dalles de pierre nous en indiquent la présence. Après avoir déplacé l’une de ces dalles (non sans difficulté), nous découvrons un escalier en briques, d’une douzaine de marches qui semble conduire sous la chapelle.  Qu’allons-nous découvrir ? L’émotion est à son comble !

    Un à un, armés de lampes électriques et d’appareils photos, nous nous glissons dans l’ouverture, descendons prudemment les marches et arrivons dans une petite salle voûtée ( Longueur : 3m55, Largeur : 3m48, hauteur : 2m15 ) dont les murs et le plafond sont entièrement recouverts de signatures et de dates. Sur le côté droit, un cercueil de métal ( 1,41m sur 0,50m) entouré de gravats, repose à même le sol. Aucune inscription. De qui s’agit-il ? Qui sont ceux qui ont laissé leur nom sur les murs et pourquoi?  Autant d’interrogations qui attisent notre curiosité. Mais maintenant une chose est sûre : il ne s’agit pas d’une crypte mais d’un caveau sépulcral.

    Nous prenons des photos et décidons de revenir, cette fois-ci accompagnés d’un spécialiste du Moyen-âge, Monsieur Stéphane Büttner.

    Chose dite, chose faite. Le 18 septembre, nous redescendons dans le caveau.  M. Büttner nous confirme qu’il s’agit bien d’un caveau et non d’une crypte et qu’il daterait certainement du XVe siècle comme ses murs de briques recouvertes d’un enduit parfaitement conservé l’attesteraient. Mais on en ignore l’architecte.

    Les écritures, elles aussi très bien conservées seraient faites pour la plupart au fusain, d’autres à l’ocre mais fragiles puisqu’elles s’effacent facilement si l’on y passe le doigt. Il est étonnant qu’elles aient été si bien conservées.

    Quant au cercueil de métal, le mystère persiste. Nous constatons par contre, que parmi toutes les signatures, beaucoup sont datées de 1740 et un nom inscrit sur toute la longueur de l’arête de la voûte attire notre attention: « Lemaigre de Saint-Maurice, Anno Domini JC 1740 ». Or, nous savons par des actes que Michel Robert Lepeltier des Forts a été inhumé dans l’église de Saint-Fargeau, en la chapelle des Seigneurs, le 16 juillet 1740 et parmi les noms cités dans ces actes, on retrouve celui de Me Lemaigre de Saint-Maurice, avocat.  Nous savons aussi que le curé doyen de l’époque était Defiguères et le bedeau Etienne Carré dont on retrouve d’ailleurs, le nom un peu partout sur les murs. Pourrait-on en déduire que ce serait Lepeltier des Forts qui reposerait dans ce caveau ?

    Parmi les autres écritures, certaines sont plus anciennes (1653, 1687) mais sans noms déchiffrables, d’autres plus récentes et plus nettes comme « Joseph Gautier horloger 1814 », « Construction du calvaire 1849 », « Jean Lavaud 1945 », « Gogin 1945 », etc. Pour ces deux derniers noms, pourrait-il s’agir de deux résistants et que ce caveau aurait servi de cache pendant la guerre ? Y aurait-il un lien avec  le doyen Voury  dénoncé et déporté ?

    Mais pourquoi toutes ces signatures ? Que faisaient toutes ces personnes dans ce caveau ? Y aurait-il eu d’autres personnes inhumées ici ? Qui étaient-elles et que sont devenues leurs sépultures ?   Autant de questions qui nous poussent à aller plus loin dans nos recherches. Qui sait ? Un jour peut-être, aurons-nous la réponse à nos questions !

     

    Mais pour terminer, il n’y aurait pas de meilleure conclusion que celle de Suzanne et René Pélissier dans leur travail si bien documenté sur les vitraux de l’église : «  Nous déplorons de ne plus pouvoir admirer en Puisaye ces vitraux dont Victor Petit soulignait ‘toute la richesse de ton et toute l’énergie décorative’. Mais cela nous permet d’alerter tous ceux qui entreprennent des restaurations de notre patrimoine public ou privé. Nous leur disons : ne vous pressez jamais ; réfléchissez ; sachez comprendre si vous cédez à la mode d’un moment ; demandez l’avis de ceux qui ont la charge de préserver ce patrimoine – Nous voyons encore, hélas, de nos jours, trop d’imprudents qui ne respectent pas ces simples principes -  Vous éviterez à vous même ou à vos descendants bien des regrets. »

     

     

    Françoise van Zon-Bourgeois

     

     

    Sources consultées :

    « Histoire de la ville et du Comté de Saint-Fargeau », M. Déy, 1856

    « Recherches historiques sur la Puisaye et leurs seigneurs de la maison de Bar », Dr P. De Smyttère, 1869.

    « L’ancienne vitrerie du XIIIe siècle de l’église de Saint-Fargeau », Suzanne et René Pélissier, 1980  (Article paru dans le Tome 112 du BSSY).

    « En Puisaye, Saint-Fargeau, Mademoiselle et son château », Marguerite Bourgoin, 1954.

    « Acte d’inhumation de Lepeltier des Forts, 16 juillet 1740 », Etat civil St-Fargeau, BMS 1738, p.60 (archivesenligne.yonne-archives.fr)

     

    Visite du caveau de l' église  Visite du caveau de l' église  Visite du caveau de l' église

     

    Visite du caveau de l' église

     

    Visite du caveau de l' église  Visite du caveau de l' église  Visite du caveau de l' église

     


    9 commentaires
  •  

     

     

    EXPOSITION

    SAINT-FARGEAU

    « LIEUX-DITS,  LIEUX DE MÉMOIRE »

    Et

     « LES SŒURS SIAMOISES DE SEPTFONDS »

    Du samedi 5 au samedi 26 novembre 2016

     

    dans les locaux de l’Office de Tourisme de Saint-Fargeau

    Visite libre aux heures d’ouverture de l’Office

    visite accompagnée gratuite  du mardi au dimanche de 14 h 30 à 17h 30.

     

     

     

    CONFERENCE

    DE  J.P. ROCHER, HISTORIEN

    Le samedi 19 novembre à 15 heures

    « l’évolution de la propriété au Moyen-Age »

     Salle située face au 6 rue des écoles (ex. communauté de communes)

    et face au parking de la mairie

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  •  

     


    votre commentaire
  •  

     


    votre commentaire
  •  


    votre commentaire