• Conférence de JP Rocher

     

    Nous vous présentons aujourd'hui le compte rendu

    de la Conférence que Jean Pierre Rocher

    a présentée à saint fargeau.

     

    L’évolution de la propriété depuis le Moyen-Age

    Conférence de Monsieur Jean-Pierre Rocher, 19 novembre 2016, Saint-Fargeau

     

    Toujours aussi captivant et intéressant Monsieur Rocher ! Et quoi de plus naturel pour notre orateur, ancien professeur et historien passionné de notre chère région, de nous plonger un moment  dans le passé, sur les traces de cette histoire riche en bouleversements. Sans elle, nos lieux-dits ne seraient pas ce qu’ils sont devenus aujourd’hui.

    Ainsi, pendant un peu plus d’une heure,  dans une salle comble et attentive et après une courte et sympathique présentation de notre orateur par Monsieur Claude Lesire,  membre de notre association et ancien élève de Monsieur Rocher au lycée, nous parcourons  l’évolution combien mouvementée de l’histoire de la propriété.

    Il nous transporte tout d’abord au moment où le système féodal de l’Ancien Régime, système de l’ordre établi, bascula c’est-à-dire lors de cette fameuse  nuit du 4 août 1789 et  marqua à jamais par l’article  17 de la Déclaration des Droits de l’Homme le début de la liberté de la propriété devenue inviolable et sacrée. 

     

    Le Moyen-Age : un système féodal

     

    Pour mieux comprendre ce changement, nous devons revenir,  comme le souligne Monsieur Rocher sur ce  système féodal de la propriété (suzerain-vassal) qui fonctionnait comme une pyramide sociale avec au sommet le roi puis les grands vassaux (les grands seigneurs), les petits vassaux (les petits seigneurs), etc… Dans ce système de liens entre hommes libres, le fort protège le faible et lui promet une terre (un fief). En échange, le vassal doit Foi et Hommage au seigneur (système féodo-vassalique) et doit l’aider aussi  en soldat. Il nous apprend que le seigneur de Saint-Fargeau lui, est  directement vassal du roi. Mais le  fief peut être aussi tenu par un noble, un chevalier ou par le clergé (un évêque par ex.) ou par un bourgeois  comme par exemple Jacques Cœur.

    En outre, le fief étant une propriété qui se vend, s’achète et  s’hérite, le système devient complexe.  Comme exemple, il nous donne celui de la Grande Mademoiselle qui remit  à Lauzun son fief de Saint-Fargeau qui lui-même le revendit à Crozat. Ainsi, on ne s’y retrouve plus.  Les procès s’enchaînent. On assiste alors à un émiettement des fiefs ou tenures paysannes (masures) comme en Puisaye par exemple.  

    Dans ce système seigneurial, nulle terre sans seigneur, les seigneurs attribuent des terres (tenures ou masures) aux paysans qui, en contrepartie paient des droits comme le droit du cens (droit fixe souvent en nature, sorte de loyer ), de rente ou de mutation. En Puisaye, on parle de terrage (part de la récolte donnée au seigneur). Puis Monsieur Rocher énumère tous les nombreux droits en vigueur à cette époque, des banalités ou droits banaux (droit pour un seigneur d’avoir un moulin, un pressoir, une boucherie ou un four auquel tous les habitants de la seigneurie étaient obligés d’avoir recours sans pouvoir s’adresser ailleurs) aux droits de justice.  En outre, tout  le monde paie la dîme (portion congrue pour le curé). Les droits perçus sont affermés. Le fermier d’une seigneurie était donc intéressant pour le bourgeois.

     

    La Révolution : la  propriété aux mains des tenanciers

     

    A la Révolution, les registres  qui contenaient la description de tous ces fiefs ainsi que tous les droits s’y rattachant  et que l’on appelait terriers, ont presque tous été brûlés, à la grande joie des habitants des campagnes qui espéraient ainsi être exemptés, au moins en partie de tous ces droits.

    La propriété est remise par les seigneurs aux tenanciers (ce qui n’existait pas avant la nuit du 4 août).

    Mais les familles des tenanciers  s’accroissant celles-ci auraient fondé des communautés familiales taisibles et se seraient dispersées. Ce qui pourrait être le cas des Pautrats, que l’on retrouve dans d’autres lieux. On  assista aussi dans certains cas, à un regroupement des masures  qui deviendront ainsi des métairies ou exploitations agricoles, entité économique. Dans ce jeu,  les bourgeois marchands s’enrichissent,  ce qui donnera naissance plus tard, à la grande propriété (50 ha) puis à la très grande propriété (100 ha). Notre orateur nous fait remarquer que l’on retrouve ce système jusqu’à l’océan !

    Dans ce contexte de métairies (30 à 40 ha), exploitations agricoles autonomes contrairement aux manoeuvreries, petites fermes (moins de 10 ha) non autonomes, (celles-ci sont tenues par un manœuvrier, qui doit chercher l’emploi de ses bras en dehors du sol qui lui est affermé ), Monsieur Rocher souligne l’importance des baux (bail à ferme, bail à moitié) dans lesquels était stipulé ce que le tenancier (fermier) devait au bailleur (souvent un bourgeois marchand)  et pour quelle durée. A cet égard, il remercie son ancien ami Monsieur André Bourgeois, comme lui historien passionné de la Puisaye, pour toute la documentation (entre autres plusieurs baux)  qu’il a pu réunir et qui l’a aidé régulièrement dans ses études historiques. Rappelons que dans le dossier de la Mouillardière, lieu-dit présenté à notre exposition, vous avez pu consulter un exemple de bail à ferme daté de 1806 accompagné de son bail à cheptel et dans lequel, le propriétaire se garde la réserve de tous les bois et étangs (le fermier a droit, lui  au bois des haies)  et reçoit du fermier de menues faisances comme deux chapons et trois kilos de beurre à Noël.

     

    La révolution agricole du XIX e siècle

     

    Enfin, comme nous l’expose Monsieur Rocher, au XIX e siècle, la révolution agricole (1830-1870) menée par les grands propriétaires viendra mettre un terme  à la situation très précaire du monde agricole et des paysans en particulier.  Ainsi, deux grands propriétaires, Messieurs de Boisgelin (Les Ferriers et les Gâtines) et Lacour (les Pautrats) vont investir dans des techniques nouvelles de défrichage, de drainage et d’assolement des terres pour un meilleur rendement de celles-ci et donc voir une hausse de la valeur de leurs propriétés. Par ailleurs, la Puisaye va se débloquer et être plus accessible. On s’occupe des chemins vicinaux, des écoles, l’habitat se modernise. On construit des bâtiments d’exploitation plus modernes, plus vastes, plus aérés, plus commodes comme aux Pautrats. Les grands propriétaires, exemptés des charges  se font construire des châteaux.

    C’est aussi la période de l'organisation des chambres d'agriculture et la création  de comices et concours agricoles  qui mettent à l’honneur et  récompensent les fermiers (voir dans nos dossiers sur les lieux-dits les nombreux prix attribués à leurs fermiers).

    Mais, l’industrie et le commerce devenant plus importants que l’agriculture, les propriétaires vont trouver des revenus ailleurs (achats de rentes sur l’Etat, obligations par ex.). La propriété passe aux mains des paysans.

    A la fin du XIX e, la révolution agricole s’essouffle. Les paysans voient leurs revenus agricoles baisser, l’exode rural se met en marche…

     

    Là se termine la conférence, avec regret pour certains comme moi. Merci Monsieur Rocher pour ce  moment privilégié. Quel plaisir de vous avoir écouté !

     

     L’assistance est ensuite invitée par notre présidente, Madame Nadège Vallet, autour d’un verre de l’amitié, à partager ses impressions ou remarques avec notre orateur et à visiter notre exposition pour ceux qui n’avaient pas encore eu l’occasion de le faire.

     

    Françoise van Zon-Bourgeois

     

    Bibliographie intéressante sur ce sujet à consulter :

    -         « Au cœur du bocage de Puisaye, Saint-Privé au fil des âges », Jean-Pierre Rocher.

    -         « La Puisaye agricole », Charles Blanché, 1866, Annuaire historique du département de l’Yonne 1867.

    -         « Transformation des fiefs de la Puisaye, du XVIe au XVIII e siècle », article d’André Bourgeois (sur notre site).

     

    Conférence de JP Rocher  

     

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